Charles Ier

Conflit avec le Parlement

En mars 1625, Charles Ier devient roi et épouse Henriette Marie peu après. Lorsque son premier Parlement se réunit en juin, des troubles surgissent immédiatement en raison de la méfiance générale envers Buckingham, qui avait conservé son ascendant sur le nouveau roi. La guerre d’Espagne s’avère être un échec et Charles n’offre au Parlement aucune explication sur sa politique étrangère ou ses coûts. En outre, les puritains, qui prônent la prière et la prédication extemporanées dans l’Église d’Angleterre, prédominent à la Chambre des communes, tandis que les sympathies du roi vont à ce que l’on appelle le High Church Party, qui souligne la valeur du livre de prières et le maintien du rituel. Ainsi, l’antagonisme ne tarda pas à naître entre le nouveau roi et les Communes, et le Parlement refusa de lui voter le droit de prélever le tonnage et la poundage (droits de douane) sauf à des conditions qui augmentaient ses pouvoirs, bien que ce droit ait été accordé à vie aux monarques précédents.

Le deuxième Parlement du règne, réuni en février 1626, se montra encore plus critique à l’égard du gouvernement du roi, bien que certains des anciens leaders des Communes aient été tenus à l’écart parce que Charles les avait ingénieusement nommés shérifs dans leurs comtés. L’échec d’une expédition navale contre le port espagnol de Cadix à l’automne précédent fut imputé à Buckingham et les Communes tentèrent de le mettre en accusation pour trahison. Pour éviter cela, Charles dissout le Parlement en juin. En grande partie à cause de l’incompétence de Buckingham, le pays est maintenant impliqué dans une guerre avec la France ainsi qu’avec l’Espagne et, ayant désespérément besoin de fonds, le roi impose un prêt forcé, que ses juges déclarent illégal. Il révoque le juge en chef et ordonne l’arrestation de plus de 70 chevaliers et gentilshommes qui refusent de contribuer. Ses actions autoritaires ajoutèrent au sentiment de grief qui fut largement discuté au Parlement suivant.

Au moment où le troisième Parlement de Charles se réunit (mars 1628), l’expédition de Buckingham pour aider les protestants français à La Rochelle avait été repoussée de manière décisive et le gouvernement du roi était complètement discrédité. La Chambre des communes adopte aussitôt des résolutions condamnant les impôts et les emprisonnements arbitraires, puis expose ses griefs dans la Petition of Right, qui demande la reconnaissance de quatre principes : pas d’impôts sans le consentement du Parlement, pas d’emprisonnement sans raison, pas de cantonnement de soldats chez les sujets, pas de loi martiale en temps de paix. Le roi, malgré ses efforts pour éviter d’approuver cette pétition, est contraint de donner son consentement officiel. Lorsque le quatrième Parlement se réunit en janvier 1629, Buckingham a été assassiné. La Chambre des communes s’oppose maintenant à ce qu’elle appelle le renouveau des « pratiques populistes » dans les églises et à la perception du tonnage et des droits de douane par les officiers du roi sans son consentement. Le roi ordonne l’ajournement du Parlement le 2 mars 1629, mais avant cela, l’orateur est maintenu dans son fauteuil et trois résolutions sont adoptées pour condamner la conduite du roi. Charles se rendit compte qu’un tel comportement était révolutionnaire. Pendant les 11 années suivantes, il dirigea son royaume sans convoquer de Parlement.

Afin de ne plus dépendre des subventions parlementaires, il fit maintenant la paix avec la France et l’Espagne, car, bien que la dette royale s’élevait à plus d’un million de livres sterling, le produit des droits de douane à une époque d’expansion du commerce et l’exaction des droits traditionnels de la couronne se combinaient pour produire un revenu tout juste suffisant en temps de paix. Le roi s’efforçait également d’économiser dans les dépenses de son foyer. Afin de financer la marine royale, une taxe dite de navigation est prélevée, d’abord en 1634 sur les ports, puis sur les villes de l’intérieur. Les demandes d’argent des navires suscitèrent une résistance obstinée et généralisée en 1638, même si une majorité des juges de la cour de l’Échiquier estima dans un cas test que le prélèvement était légal.

Ce furent en fait les années les plus heureuses de la vie de Charles. Au début, Henrietta Maria et lui n’avaient pas été heureux, et en juillet 1626, il ordonna péremptoirement à tout son entourage français de quitter Whitehall. Après la mort de Buckingham, cependant, il tomba amoureux de sa femme et en vint à apprécier ses conseils. Bien que le roi se considère comme responsable de ses actes – non pas devant son peuple ou le Parlement, mais devant Dieu seul, conformément à la doctrine du droit divin des rois – il reconnaît son devoir envers ses sujets comme « un père nourricier indulgent ». S’il est souvent indolent, il fait preuve d’un élan spasmodique, principalement pour ordonner des réformes administratives, bien qu’il n’ait guère fait d’impression sur le réseau élaboré d’intérêts privés dans les services armés et à la cour. Dans l’ensemble, le royaume semble avoir joui d’un certain degré de prospérité jusqu’en 1639, date à laquelle Charles fut impliqué dans une guerre contre les Écossais.

Les premiers Stuarts négligèrent l’Écosse. Au début de son règne, Charles s’aliène la noblesse écossaise par un acte de révocation selon lequel les terres revendiquées par la couronne ou l’église sont soumises à la confiscation. Sa décision, en 1637, d’imposer à son royaume du Nord une nouvelle liturgie, basée sur le Book of Common Prayer anglais, bien qu’approuvée par les évêques écossais, se heurte à une résistance concertée. Lorsque de nombreux Écossais signent un pacte national pour défendre leur religion presbytérienne, le roi décide de faire appliquer sa politique ecclésiastique par l’épée. Il est dépassé par une armée écossaise bien organisée et, lorsqu’il atteint York en mars 1639, la première des guerres dites des évêques est déjà perdue. Une trêve fut signée à Berwick-upon-Tweed le 18 juin.

pamphlet contenant le rejet par Charles Ier d’une pétition de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse

Pamphlet (1642) contenant le rejet par Charles Ier d’une pétition de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse, qui cherchait à le conseiller sur les questions de gouvernement de l’Église.

The Newberry Library, General Fund, 1949 ; acheté à Ralph T. Howey, 1960 (A Britannica Publishing Partner)

Sur les conseils des deux hommes qui avaient remplacé Buckingham en tant que conseillers les plus proches du roi-William Laud, archevêque de Canterbury, et le comte de Strafford, son habile lord adjoint en Irlande-Charles convoqua un Parlement qui se réunit en avril 1640-plus tard connu sous le nom de Parlement court-afin de lever des fonds pour la guerre contre l’Écosse. La Chambre insiste d’abord pour discuter des griefs contre le gouvernement et se montre opposée à une reprise de la guerre ; aussi, le 5 mai, le roi dissout à nouveau le Parlement. La collecte de l’argent des navires se poursuivit, tout comme la guerre. Une armée écossaise franchit la frontière en août et les troupes du roi paniquent devant une canonnade à Newburn. Charles, profondément perturbé par sa deuxième défaite, convoque un conseil de pairs sur les conseils duquel il convoque un autre Parlement, le Long Parlement, qui se réunit à Westminster en novembre 1640.

La nouvelle Chambre des communes, qui s’avère tout aussi peu coopérative que la précédente, condamne les récentes actions de Charles et se prépare à mettre en accusation Strafford et d’autres ministres pour trahison. Le roi adopte une attitude conciliante – il accepte l’Acte triennal qui garantit la réunion du Parlement une fois tous les trois ans – mais exprime sa détermination à sauver Strafford, à qui il promet sa protection. Il ne réussit même pas à le sauver. Strafford fut décapité le 12 mai 1641.

Charles fut contraint d’accepter une mesure selon laquelle le Parlement existant ne pouvait être dissous sans son propre consentement. Il accepta également des projets de loi déclarant illégales la monnaie de bateau et d’autres mesures fiscales arbitraires, et condamnant en général ses méthodes de gouvernement au cours des 11 années précédentes. Mais tout en faisant ces concessions, il se rend en Écosse au mois d’août pour tenter d’y obtenir un soutien antiparlementaire. Il accepte l’établissement complet du presbytérianisme dans son royaume du nord et permet aux domaines écossais de nommer des fonctionnaires royaux.

Pendant ce temps, le Parlement se réunit à nouveau à Londres après une pause et, le 22 novembre 1641, les Communes adoptent par 159 voix contre 148 la Grande Remontrance au roi, exposant tout ce qui a mal tourné depuis son accession. Au même moment, la nouvelle d’une rébellion en Irlande parvient à Westminster. Les dirigeants des Communes, craignant que si une armée était levée pour réprimer la rébellion irlandaise, elle pourrait être utilisée contre eux, prévoient de prendre le contrôle de l’armée en forçant le roi à accepter un projet de loi sur la milice. Lorsqu’on lui demande d’abandonner son commandement de l’armée, Charles s’exclame : « Par Dieu, pas une heure ». Craignant maintenant une mise en accusation de sa reine catholique, il se prépara à prendre des mesures désespérées. Il ordonne l’arrestation d’un membre de la Chambre des Lords et de cinq membres de la Chambre des Communes pour trahison et se rend avec environ 400 hommes pour faire appliquer l’ordre lui-même. Les membres accusés s’échappent cependant et se cachent dans la ville. Après cette rebuffade, le roi quitte Londres le 10 janvier, cette fois pour le nord de l’Angleterre. La reine se rendit en Hollande en février afin de récolter des fonds pour son mari en mettant en gage les joyaux de la couronne.

Une accalmie suivit, durant laquelle royalistes et parlementaires enrôlèrent des troupes et collectèrent des armes, bien que Charles n’ait pas complètement abandonné les espoirs de paix. Après une vaine tentative pour sécuriser l’arsenal de Hull, le roi s’installe en avril à York, où il ordonne le rassemblement des cours de justice et où les membres royalistes des deux chambres le rejoignent progressivement. En juin, la majorité des membres restés à Londres envoie au roi les dix-neuf propositions, qui demandent notamment qu’aucun ministre ne soit nommé sans l’approbation du Parlement, que l’armée soit placée sous contrôle parlementaire et que le Parlement décide de l’avenir de l’église. Charles se rend compte que ces propositions constituent un ultimatum ; il renvoie néanmoins une réponse prudente dans laquelle il reconnaît l’idée que son gouvernement est un « gouvernement mixte » et non une autocratie. En juillet, les deux parties se préparent à la guerre. Le roi lève officiellement l’étendard royal à Nottingham le 22 août et des combats sporadiques éclatent bientôt dans tout le royaume.

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