Impôt négatif sur le revenu

L’opinion selon laquelle l’État devrait compléter le revenu des pauvres a une longue histoire (voir UBI§Histoire). De tels paiements sont considérés comme des avantages s’ils sont limités à ceux qui n’ont pas d’autres revenus, ou sont conditionnés à des besoins spécifiques (comme le nombre d’enfants), mais sont considérés comme des impôts négatifs s’ils continuent à être perçus comme un supplément par les travailleurs qui ont des revenus provenant d’autres sources. Le retrait des prestations lorsque le bénéficiaire cesse de satisfaire à un critère d’éligibilité ferme est souvent considéré comme donnant lieu au piège de l’aide sociale.

Le niveau de soutien apporté aux pauvres par un impôt négatif est pensé comme paramétriquement ajustable selon les revendications opposées de l’efficacité économique et de la justice distributive. L’impôt négatif sur le revenu de Friedman n’a pas cette capacité d’ajustement en raison de la contrainte que d’autres avantages seraient largement interrompus ; par conséquent, une subvention salariale est plus représentative de l’impôt négatif générique que l’impôt négatif sur le revenu spécifique de Friedman.

En 1975, les États-Unis ont mis en œuvre un impôt négatif sur le revenu pour les travailleurs pauvres par le biais du crédit d’impôt sur le revenu gagné. Une enquête de 1995 a révélé que 78% des économistes américains soutenaient (avec ou sans réserve) l’incorporation d’un impôt négatif sur le revenu dans le système de bien-être.

Développement théoriqueModification

Article principal : Théorèmes fondamentaux de l’économie du bien-être
Redistribution des revenus exprimée de manière équivalente sous la forme d’un impôt négatif sur le revenu ou d’un revenu de base

La discussion théorique de l’imposition négative a commencé avec Vilfredo Pareto, qui a d’abord fait une distinction formelle entre l’efficacité allocative (c’est-à-dire la capacité du marché à produire des biens et des services) et l’efficacité économique.c’est-à-dire la capacité du marché à donner aux gens ce qu’ils veulent en fonction de leurs revenus) et la justice distributive (c’est-à-dire la question de savoir si ces revenus sont équitables en premier lieu). Il a cherché à montrer que les économies de marché allouent les ressources de manière optimale dans le cadre des distributions de revenus auxquelles elles donnent lieu, mais a admis que ces distributions elles-mêmes n’avaient rien d’optimal. Il concluait que si la société souhaitait maximiser le bien-être, elle devait laisser les forces du marché régir la production et l’échange, puis corriger le résultat par « une seconde distribution… effectuée conformément aux mécanismes de la libre concurrence ». Son argument était qu’un transfert direct obtenait un effet redistributif donné avec la moindre réduction possible de l’efficacité économique, et qu’il était préférable à l’interférence du gouvernement dans le marché (comme cela se produit dans les économies modernes par le biais du salaire minimum) qui nuit à l’efficacité en introduisant des distorsions.

Abram Bergson et Paul Samuelson (s’appuyant sur des travaux antérieurs d’Oscar Lange) ont donné une déclaration plus formelle aux affirmations de Pareto. Ils ont montré que l’optimum d’efficacité associé à la concurrence sur le marché n’était en deçà du bien-être maximal tel que reflété par une fonction de bien-être social que par des effets de distribution, et qu’un véritable optimum pouvait être obtenu si l’État transférait le revenu par des « impôts forfaitaires ou des primes », où les « primes » sont des impôts négatifs et où la « somme forfaitaire » est le terme de Samuelson pour une redistribution hypothétique sans conséquences de distorsion.

Théorie de la fiscalité optimaleModification

Article principal : Taxation optimale des revenus du travail

Il découle de l’analyse de Bergson/Samuelson que toute mesure proposée (y compris la proposition de laisser les choses en l’état) peut être évaluée en fonction de l’équilibre qu’elle réalise entre trois facteurs : (i) l’amélioration du bien-être général résultant d’une répartition plus équitable ; (ii) la perte d’efficacité économique due aux distorsions introduites ; et (iii) les coûts administratifs. Le premier de ces facteurs ne peut pas facilement être assimilé à une somme d’argent ; le dernier ne sera probablement pas un facteur dominant. Par conséquent, la redistribution devrait être poursuivie jusqu’au point où tout autre avantage (non monétaire) d’une distribution plus égale serait compensé par la perte monétaire d’efficacité économique qui en résulte.

La théorie de Bergson/Samuelson a été développée dans un cadre largement utilitaire. Un quatrième facteur pourrait être ajouté sous la forme d’une revendication morale dérivée de la propriété actuelle ou d’un gain légitime. Un poids considérable a été accordé à ce facteur au cours du siècle des Lumières, mais Hume et les utilitaristes l’ont rejeté. Il est rarement mentionné de nos jours mais ne peut être écarté a priori comme une considération pertinente.

L’étude théorique du compromis entre équité et efficacité a été initiée par James Mirrlees en 1971. Eytan Sheshinski a résumé:

Dans divers exemples calculés par Mirrlees, le barème optimal de l’impôt sur le revenu semble être approximativement linéaire avec un impôt négatif aux faibles revenus.

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