Le puits de Jacob dans le Nouveau Testament
L’Évangile de Jean est connu pour son récit unique. Jean mentionne plusieurs événements et lieux qui ne sont pas mentionnés dans Matthieu, Marc ou Luc. L’un de ces événements est la rencontre de Jésus avec une femme samaritaine au puits de Jacob. Un tel puits n’est pas connu des autres sources historiques, mais l’Évangile fournit quelques indices sur son emplacement :
« Or il fallait passer par la Samarie. Il arriva donc à une ville de Samarie appelée Sychar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Le puits de Jacob était là, et Jésus, fatigué par le voyage, s’assit près du puits » (Jean 4:5-6).
Là, Jésus rencontra une femme samaritaine qui venait puiser de l’eau au puits. Jésus lui a expliqué la signification spirituelle de « l’eau de la vie ». Une foule s’est rassemblée autour d’eux, et » beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en lui » (Jean 4, 39). Jésus est resté deux jours avec eux, puis a poursuivi son voyage vers la Galilée.
Où se trouve le puits de Jacob ?
Les deux noms de lieux mentionnés dans cet événement sont intrigants. « Le puits de Jacob » n’est pas vraiment une traduction exacte du texte grec, qui dit littéralement « la source de Jacob ». Pourtant, il semble que la source d’eau soit un puits, car la Samaritaine a déclaré : « le puits est profond » (Jean 4:11). Un tel endroit n’est pas connu de l’Ancien Testament, ni dans les écrits de l’historien du premier siècle de notre ère, Josèphe.
« Sychar » n’est également mentionné nulle part dans ces sources, mais deux anciennes versions grecques du Nouveau Testament (Sinaiticus et Curentonian Syrian) utilisent le mot « Suchem », au lieu de « Sychar ». « Suchem » est sans doute la Sichem biblique, une ville qui était aussi un centre samaritain dans l’Antiquité. En outre, l’Ancien Testament rapporte que Jacob a acheté un terrain dans la ville de Sichem (Genèse 33:18-19), et qu’avant sa mort, il a donné ce terrain à son fils Joseph (Genèse 48:22). Plus tard, Joseph y a été enterré (Josué 24:32). Il s’agit sans doute du « terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph » mentionné dans Jean 4:5.
La plus ancienne mention du site se trouve dans l’écrit l’historien et géographe du quatrième siècle Eusèbe. Il déclare que le puits de Jacob se trouve près de Sichem, et que « maintenant une église y a été construite » (Eusèbe, Onomasticon 164:1-4). La carte mosaïque de Madaba, une description cartographique de la Terre Sainte datant du sixième siècle de notre ère, décrit également le site, comme un bâtiment au toit rouge près de Sichem. Elle l’étiquette comme « Voici le puits de Jacob ».
Visiter le puits de Jacob
L’emplacement de ce site est préservé jusqu’à ce jour, au cœur du Schechem moderne, et près du monticule du Shechem biblique (Tel Balata). Une église a été construite au-dessus à l’époque byzantine, puis à l’époque des croisés. En 1885, l’église orthodoxe grecque a acheté la propriété du puits de Jacob et a commencé à construire une église moderne sur le site, qui a été achevée cent ans plus tard. Le puits lui-même se trouve dans une crypte sous l’église.
Le Temple sur le mont Gerizim
Dans sa discussion avec Jésus au puits de Jacob, la Samaritaine a fait référence à une montagne adjacente, dont elle a dit : « Nos pères ont adoré sur cette montagne » (Jean 4:20). La montagne que les Samaritains ont vénérée dès l’antiquité est le mont Gerizim. Au quatrième siècle avant Jésus-Christ, les Samaritains ont construit un temple au sommet de la montagne, mais il a ensuite été détruit par les Hasmonéens. En outre, au cinquième siècle de notre ère, à la suite d’une rébellion samaritaine, les Byzantins ont construit une église sur les ruines du temple samaritain, que l’on peut voir jusqu’à aujourd’hui.
Malgré les persécutions, qui se sont poursuivies également sous la domination musulmane, les Samaritains ont réussi à conserver leur identité religieuse et leur culte et continuent à vénérer leur montagne sainte jusqu’à aujourd’hui. Chaque année, ils accomplissent toujours la cérémonie traditionnelle de la Pâque samaritaine, qui comprend le sacrifice d’agneaux, en stricte conformité avec les injonctions mosaïques de l’Exode (12:2 et suivants).