Le Roi de Rome, fils de Napoléon Ier

Le Roi de Rome, Napoléon-François-Charles-Joseph Bonaparte, est le premier fils légitime de Napoléon Ier, empereur des Français et fils d’une noble corse. Sa mère était la seconde épouse de Napoléon, la jeune Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, fille de l’empereur d’Autriche. Napoléon François est en fait le premier enfant légitime de Napoléon puisque le précédent mariage de son père avec Joséphine n’a pas eu d’enfant, les enfants de Joséphine étant issus de son premier mariage. Le 20 mars 1811, à douze jours près du mariage civil de ses parents, une salve de 101 coups de canon annonce que le couple impérial a eu un fils (22 coups auraient signifié une fille).

Pour des détails précis sur la famille, voir notre arbre généalogique des Bonaparte

Naissance
Napoléon François Joseph Charles est né le 20 mars 1811 à 9h20 au palais des Tuileries. Il pèse 4 kg et mesure 50,8 cm. Le titre dynastique qui lui est donné est celui de « Roi de Rome ». Le berceau dans lequel il dormait à sa naissance était une somptueuse affaire offerte par la ville de Paris et réalisée par les plus grands artistes de l’époque.

Le jour de sa naissance, l’enfant est « ondoyé », c’est-à-dire reçoit un baptême traditionnel et sommaire français, par son grand-oncle paternel, le cardinal Fesch, grand aumônier impérial. La cérémonie officielle du baptême a lieu quelques mois plus tard (9 juin) à la cathédrale métropolitaine Notre-Dame de Paris. Ses marraines sont Madame Mère (sa grand-mère (mère du père)) et Caroline Murat (sa tante (sœur cadette du père)) et ses parrains sont François Ier, empereur d’Autriche (son grand-père (père de la mère)) et Joseph Bonaparte (son oncle (frère aîné du père)).

Élever le bébé impérial
Comme pour les rois de France, l’héritier de Napoléon Ier avait son entourage personnel ; en effet, toute sa vie était organisée par la « Maison des Enfants de France ». Et ce n’est pas sa mère, l’impératrice Marie-Louise, mais sa gouvernante, Mme de Montesquiou, qui s’occupe quotidiennement de l’enfant et veille à son éducation. « Maman Quiou » (dont la nomination en tant que gouvernante impériale était à vie) était une femme au caractère bien trempé qui prenait ses devoirs éducatifs au sérieux ; elle était néanmoins très aimée de sa jeune charge.

A la tête de la Maison des Enfants de France, elle était assistée par plusieurs nourrices (pour l’allaitement de l’enfant), deux sous-gouvernantes et un médecin pour les visites quotidiennes, le Docteur Bourdois. En cas de maladie grave, le médecin de l’empereur, Corvisart, sera consulté.

Papa!
Les jours où Napoléon n’était pas absent, Madame de Montesquiou amenait chaque matin l’enfant à l’empereur, qui le serrait dans ses bras et le maniait sur ses genoux.

En campagne, le père aimant emportait avec lui un grand portrait de son fils bien-aimé – un tel tableau aurait été montré aux soldats avant la bataille de Borodino pour galvaniser les troupes. Lors de son exil à Sainte-Hélène, Napoléon s’est également rendu célèbre en emportant de nombreux objets et souvenirs liés au fils qu’il n’avait pas vu depuis janvier/février 1814 et qu’il était destiné à ne plus jamais revoir.

Les résidences du petit roi
Les appartements du petit roi au palais des Tuileries à Paris étaient meublés spécialement et décorés en vert impérial. Cependant, Napoléon François logeait plus fréquemment au château de Saint-Cloud, dans la campagne à l’ouest de Paris, dans des appartements avec sa mère au rez-de-chaussée. Il résidait aussi occasionnellement au château de Meudon, une maison de campagne que lui avait offerte son père.

Naturellement, toutes ces maisons possédaient de grands parcs dans lesquels le jeune garçon se faisait promener dans une voiture spéciale (cadeau de sa tante et marraine, Caroline Murat) tirée (de façon un peu incroyable) par deux chèvres ou deux moutons.

Éducation et temps libre
L’enfant fait ses premiers pas tardivement, à 18 mois, et comme il sied à un héritier du trône impérial, il dispose d’un grand nombre de jouets, allant des hochets et des blocs de construction aux quilles, en passant par les services à manger ludiques, les instruments de musique (tambours et trompettes), les figurines et les jouets à tirer, tous, naturellement, de la meilleure qualité.

Quand il serait un peu plus grand, l’enfant aimerait s’habiller en uniforme militaire et faire « comme papa ».

Pour ce qui est de l’éducation, sa gouvernante donnait au petit roi une instruction en religion et en lecture et écriture. Elle disposait également de nombreux livres d’images et d’une lanterne magique (images colorées rétroéclairées par des bougies). Apparemment, l’enfant était curieux et intelligent, capable de mémoriser des fables à trois ans et de lire en français et en allemand à l’âge de quatre ans !

Une existence troublée
Le fils de Napoléon Ier ne devait passer que le tout début de sa vie en France. Après la défaite des forces françaises en 1814 lors de la campagne de France contre les armées de sa mère et de son grand-père autrichien, son père est exilé sur l’île d’Elbe et Napoléon François doit être emmené en Autriche. Bien que Napoléon doive quitter l’île d’Elbe et rentrer en France au printemps 1815, l’empereur français n’y restera que peu de temps (connu sous le nom de « Cent jours ») avant de perdre la bataille de Waterloo et d’être exilé à Sainte-Hélène. L’enfant ne reverra jamais son père, retenu en Autriche avec sa mère et son grand-père au château de Schönbrunn à Vienne. Napoléon François devait y rester jusqu’à la fin de sa courte vie. Il est mort d’une infection pulmonaire (tuberculose) à l’âge de 21 ans, le 22 juillet 1832. Il fut d’abord enterré à Vienne, mais plus d’un siècle plus tard, sa dépouille mortelle fut transférée à Paris par l’armée allemande lors de l’occupation de Paris (Seconde Guerre mondiale) en 1944, pour être déposée aux côtés du père qu’il avait failli ne jamais connaître.

Le Roi de Rome est parfois appelé Napoléon II car certains membres du parlement français ont timidement proclamé son règne après Waterloo. Cependant, comme il n’y avait pas de volonté politique pour soutenir cette revendication, Napoléon François n’a en fait jamais régné. En revanche, c’est sur cette base que son cousin, le futur dirigeant de la France sous le Second Empire, Louis Napoléon, a pris le titre de Napoléon III en 1852. Le souvenir du Roi de Rome a été largement préservé par une célèbre pièce française, intitulée L’Aiglon, écrite par le grand dramaturge Edmund Rostand – Rostand est surtout connu dans le monde anglophone pour sa pièce Cyrano de Bergerac.

Emmanuelle Papot (avril 2011) tr. et éd. P.H.

Bibliographie:
Ch. Beyeler et V. Cochet, Enfance impériale. Le Roi de Rome, fils de Napoléon, Ed. Faton : Château de Fontainebleau, 2011

Pour plus de détails, consultez notre Focus sur la naissance du Roi de Rome (matériel de niveau adulte)

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