09 Dec 2016
Fahema Begum
Le choléra était l’une des maladies les plus meurtrières à affecter la Grande-Bretagne au XIXe siècle et cet été a marqué le 150e anniversaire de la quatrième et dernière pandémie à Londres en 1866.
Au XIXe siècle, on croyait que la maladie était transmise et propagée par un « mauvais air » ou de « mauvaises odeurs » provenant de matières organiques en décomposition. Cette pensée dominait les déclarations officielles de la médecine et du gouvernement et le General Board of Health, récemment créé, faisait partie de ceux qui croyaient en cette théorie. Mais ce n’est qu’en 1854 que le médecin John Snow (1813-1858) a apporté une contribution majeure à la lutte contre le choléra lorsqu’il a pu démontrer un lien entre le choléra et l’eau potable contaminée grâce à ses études pionnières.
John Snow est né à York le 15 mars 1813. Il se rend à Newcastle upon Tyne à l’âge de 14 ans pour travailler comme apprenti chez le chirurgien William Hardcastle. Il a ensuite poursuivi ses études à l’infirmerie de Newcastle. Pendant l’épidémie de choléra de 1831 dans le Nord-Est, il a soigné les malades de la mine de charbon de Killingworth. Les excellentes observations qu’il a faites sur la maladie à cette époque ont servi de base à ses travaux ultérieurs.
La page ci-dessus est tirée du volume intitulé « Cholera », qui contient les notes de Thomas Egerton Bryant sur les cas de choléra à partir d’avril 1832. Les cas comprennent le nom du patient, les symptômes, le traitement et le résultat.
Entre 1833 et 1836, Snow est assistant dans la pratique dans le comté de Durham et le Yorkshire du Nord. En 1836, il s’installe à Londres pour étudier à la Hunterian School of Medicine. Il commence à exercer en milieu hospitalier en octobre 1837 à l’hôpital de Westminster et devient membre du Royal College of Surgeons of England en 1838. L’entrée ci-dessous, tirée du livre d’examen des membres (MRCS) de 1838, détaille le diplôme que Snow a reçu du Collège (cinquième nom à partir du bas). Il obtient un diplôme de médecine à l’université de Londres en 1844 et est admis en 1850 comme membre du Royal College of Physicians.
Une importante épidémie de choléra atteint le quartier de Soho, à Londres, en août 1854. Il s’agit de la troisième épidémie de choléra à Londres, les précédentes ayant eu lieu en 1832 et 1849. Au milieu du 19e siècle, Soho avait un sérieux problème de saleté dû à l’afflux important de personnes et à l’absence de services sanitaires adéquats : le réseau d’égouts de Londres n’avait pas encore atteint Soho à cette époque et le drainage était médiocre dans tout Londres. Il était courant à l’époque d’avoir une fosse d’aisance sous la plupart des maisons.
En parlant aux résidents locaux (avec l’aide du révérend Henry Whitehead), Snow a identifié la source de l’épidémie comme étant la pompe à eau publique contaminée de Broad Street (aujourd’hui Broadwick Street). Pour ce faire, il a dressé une carte des décès dus au choléra et a noté qu’il s’agissait principalement de personnes dont l’accès à l’eau le plus proche était la pompe de Broad Street (voir la carte ci-dessous tirée de On the Mode of Communication of Cholera, 2e édition). Ses études sur l’évolution de la maladie ont été suffisamment convaincantes pour persuader le conseil local de désactiver la pompe du puits en enlevant sa poignée. Cette action a été reconnue comme ayant contribué de manière significative à l’endiguement de la maladie dans la région. On a découvert plus tard que l’eau de la pompe était polluée par des eaux usées contaminées par le choléra provenant d’une fosse d’aisance voisine.
Cependant, la théorie de Snow n’était pas nouvelle en 1854. Il avait déjà soutenu auparavant qu’il ne s’agissait pas d’une maladie transmise par l’air dans son essai publié, On the Mode of Communication of Cholera, en 1849. La théorie des germes n’étant pas encore développée à ce moment-là, Snow ne connaissait pas le mécanisme de transmission de la maladie, mais les preuves l’ont amené à déduire en 1854 qu’elle n’était pas due à la respiration d’un air vicié. En 1855, une deuxième édition a été publiée, incorporant les résultats de son enquête sur l’épidémie de Soho de 1854.
Les pompes manuelles comme celle de Broad Street n’étaient pas la seule source d’eau des Londoniens, ni le seul objet d’étude de Snow pendant l’épidémie de choléra de 1854. La Lambeth Water Company et la Southwark and Vauxhall Water Company fournissaient toutes deux de l’eau pompée mécaniquement aux habitants du sud de Londres (voir la carte ci-dessous tirée des Tracts 376). Snow a enregistré les attaques de choléra dans cette zone, ainsi que des informations sur l’approvisionnement en eau des maisons touchées. Il a montré que la Southwark and Vauxhall Waterworks Company prélevait de l’eau dans des sections de la Tamise polluées par les eaux usées et la distribuait aux maisons, ce qui entraînait une augmentation de l’incidence du choléra.
Ses conclusions n’ont pas été immédiatement acceptées mais, malgré cela, elles ont influencé les changements dans la santé publique et la construction d’installations sanitaires améliorées.
L’étude de Snow a été un événement important dans l’histoire de l’épidémiologie et de la santé publique. Les amateurs de cartes peuvent apprécier son application de la cartographie qui a permis la visualisation géographique des données. Son utilisation d’une analyse statistique détaillée s’est également avérée être un moyen efficace de montrer la corrélation entre la qualité de la source d’eau et les cas de choléra.
Pour marquer l’anniversaire de John Simon, un père fondateur de la santé publique, il y a actuellement une exposition à la bibliothèque utilisant des documents d’archives.
Fahema Begum, archiviste adjoint
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