Le médecin neurophysiologiste chargé de la surveillance peut superviser à distance à partir d’un endroit situé en dehors de la salle d’opération (Nuwer et al., 2013). Les médecins qui surveillent à distance doivent avoir une communication continue avec la salle d’opération. La méthode de surveillance à distance simple implique des affichages d’écran qui ne montrent que ce que le technologue sélectionne sur l’écran de l’équipement de la salle d’opération. La surveillance à distance avancée permet au neurophysiologiste de passer d’un affichage d’écran à l’autre et de manipuler les données. La méthode avancée permet au médecin de surveillance de contrôler à sa discrétion tous les aspects du cas, plutôt que d’être limité à ce que le technologue choisit d’afficher. La méthode avancée est préférée parce qu’elle permet une évaluation plus détaillée et approfondie de multiples aspects des données et permet au médecin de voir une séquence temporelle de différents aspects d’une situation clinique en évolution.
Les alternatives au NIOM traditionnel comprennent (a) la surveillance automatisée, (b) la surveillance dirigée par le chirurgien, (c) la surveillance dirigée par le technologue et (d) la surveillance surveillée. La surveillance automatisée utilise un algorithme informatisé pour rechercher les signaux enregistrés, noter les pics en fonction des critères souhaités et identifier si les critères d’alerte sont remplis. Dans cette méthode, aucune personne ne vérifie l’évaluation de l’ordinateur, et les données elles-mêmes peuvent ne pas être facilement disponibles pour l’examen d’un expert. Le monitorage dirigé par le chirurgien n’est pas idéal car le chirurgien n’est généralement pas formé aux détails techniques, à la résolution des problèmes, à l’élimination des artefacts, à l’amélioration de la qualité de l’enregistrement ou à la littérature et à la tradition du monitorage. Le chirurgien est occupé à opérer et n’est donc pas en mesure de prêter une attention permanente aux tracés. Le monitorage dirigé par un technologue sans la supervision d’un neurophysiologiste est également sous-optimal, car de nombreux technologues ne sont pas familiers avec la littérature et les traditions du domaine du monitorage et ne sont pas en mesure de répondre aux questions sur la raison pour laquelle les signaux ont changé, et ils effectuent souvent le monitorage en suivant un simple livre de recettes. Les technologues non supervisés peuvent confondre des changements cliniques réels avec des problèmes techniques et ne pas déclencher d’alertes en temps opportun.
La surveillance diffère de la surveillance active traditionnelle. La surveillance implique une attention permanente aux signaux enregistrés, alors que la surveillance dilue la supervision des signaux enregistrés en divisant l’attention entre de nombreux cas simultanés ou en laissant l’écran sans surveillance tout en fournissant d’autres soins aux patients. Le médecin surveillant peut superviser de 4 à 10 cas simultanés en ligne, en répartissant son attention entre tous les cas. Le technologue repère les événements importants et les porte à l’attention du médecin contrôleur pour qu’il donne des conseils ou intervienne. En revanche, le médecin surveillant traditionnel en neurophysiologie supervise un ou quelques cas, par exemple un à trois simultanément (American Clinical Neurophysiology Society, 1994). Le modèle de surveillance traditionnelle permet d’accorder une grande attention aux signaux enregistrés de chaque cas. Le médecin chargé de la surveillance participe activement et peut identifier des changements que le technologue a manqués. Plusieurs écrans sont disponibles pour chaque cas, et le médecin de surveillance change d’écran à mesure que le cas progresse. Le médecin de surveillance active peut évaluer en temps réel plusieurs pages de données enregistrées différentes de celles que le technologue visualise. Cela permet d’apporter une attention supplémentaire utile et de prendre des décisions concernant le cas. Lorsqu’un cas nécessite une attention individuelle, un médecin qui supervise à distance des cas simultanés doit confier les cas supplémentaires à un collègue.
Les médecins qui surveillent dans leur hôpital local supervisent généralement un cas, et un quart du temps, deux ou trois cas simultanés (29). Les médecins qui surveillent à distance plusieurs hôpitaux éloignés supervisent quatre cas simultanés ou plus un quart du temps, et pendant les périodes plus chargées, la charge de travail pourrait dépasser six cas simultanés.
La surveillance dirigée par le chirurgien est une forme de surveillance, car le chirurgien ne prête pas attention aux signaux enregistrés tout au long du cas. De plus, de nombreux chirurgiens ne sont pas suffisamment formés pour distinguer les problèmes techniques des changements cliniques. Un exemple malheureux de surveillance dirigée par le chirurgien a été l’échec d’une surveillance MEP de la moelle épinière (Modi et al., 2009). Le patient s’est réveillé paraplégique malgré des MEP des membres inférieurs préservés dans un cas de chirurgie thoracique, un monitoring MEP supposé faux négatif. Les chiffres publiés ont montré que les bras et les jambes étaient inversés dans le montage technique, de sorte que le cas était en fait une vraie alerte MEP positive. Dans ce cas, il n’y avait pas d’équipe de neurophysiologie pour aider le chirurgien en examinant la configuration et les données, ce qui aurait rapidement permis de détecter la confusion évidente. Les équipes de neurophysiologie sont nécessaires pour la surveillance, afin d’apporter au cas les compétences, les connaissances, les capacités, la formation et l’expérience substantielles pour mettre en place, reconnaître et interpréter correctement les tracés de surveillance.