Un portrait de momie romano-égyptienne du Fayoum revient au ROM

Séparés en 1912, deux portraits sont réunis après plus de 100 ans

Par Paul Denis

Le 1er mars, 2019

Gauche : Nouveau portrait au ROM provenant du Musée des beaux-arts du Canada. ROM 2018.52.1.

Droit : Le portrait de la momie qui est resté au ROM. ROM 918.20.1.

La récente acquisition par le ROM d’un portrait de momie romano-égyptienne du Fayoum provenant du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa représente un ajout notable à notre collection, car elle réunit deux  » sœurs  » qui ont été séparées il y a plus de 100 ans. Leur histoire de collection est également étroitement encrée à celle du ROM et du Canada.

Les portraits de momie du Fayoum sont très importants car ils représentent certains des plus anciens portraits connus, les mieux conservés et les plus finement peints de l’histoire de l’art occidental.

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Après que l’Égypte soit devenue une province de Rome en 30 av. J.-C., les Romains ont commencé à s’y installer et ont adopté les pratiques locales, y compris le rituel mortuaire de la momification. Au premier siècle de notre ère, les Romains avaient introduit leur propre coutume funéraire consistant à fixer et à envelopper un portrait du défunt, peint sur un panneau de bois, sur le visage de la momie. Cette méthode d’inhumation a duré environ 300 ans. Des portraits de momies ont été trouvés dans des cimetières du Fayoum et d’autres régions d’Égypte ; ils sont généralement désignés collectivement sous le nom de portraits de momies du Fayoum.

Ces étonnants portraits réalistes d’hommes, de femmes et d’enfants ont un attrait universel aujourd’hui. Ils nous montrent non seulement une grande diversité des personnes qui vivaient autrefois dans l’Égypte romaine, mais aussi les subtilités des coiffures, des vêtements et des bijoux qui étaient populaires il y a deux mille ans.

En 1888, Sir Flinders Petrie a découvert 81 portraits de momies à Hawara, un ancien cimetière romain dans le Fayoum, en Égypte. L’un de ces portraits de Hawara et un deuxième exemple, trouvé par Petrie dans un autre site funéraire du Fayoum, ont été acquis par Charles Currelly, le premier directeur du ROM, lors d’une vente aux enchères Sotheby’s à Londres en 1912. Plus tard cette année-là, Currelly a vendu l’un des portraits de momie au Musée des beaux-arts du Canada. Et maintenant, un siècle plus tard, grâce à la générosité du Mona Campbell Endowment Fund et du Louise Hawley Stone Charitable Trust, les deux portraits sont de nouveau réunis.

Nos portraits mettent en valeur les superbes talents de peintre de leurs artistes. En s’appuyant moins sur des sous-dessins préliminaires, les artistes ont appliqué des zones de couleur qui ont fonctionné ensemble pour donner à chaque portrait l’illusion de volume et de profondeur ainsi qu’un sens du caractère et de la personnalité.

La femme représentée dans le nouveau portrait du ROM a les traits délicats du visage d’une jeune femme avec de grands yeux bruns en amande, des sourcils épais, un nez aquilin, des lèvres rouges bien modelées et un menton étroit. Ses cheveux noirs sont bouffés autour de sa tête et quatre boucles séparées tombent sur son front. Elle porte une boucle d’oreille en forme de disque et un pendentif, ainsi qu’un collier d’émeraude à maillons d’or. Elle est drapée dans une tunique et un épais manteau, tous deux de couleur cramoisie foncée. Notez l’application épaisse de la peinture, lui conférant l’apparence d’une peinture impressionniste.

La femme représentée dans le second portrait ROM est légèrement plus mature et matrone. Ses traits sont très fins avec des pommettes hautes, un nez étroit, des lèvres rouges épaisses et un menton proéminent. Ses cheveux finement dessinés sont arrangés en boucles et agrémentés d’une couronne d’or. Elle porte des boucles d’oreilles en perles, un collier de béryl et de perles, et un collier en or. Contrairement à la technique du portrait de sa « sœur », la peinture a été appliquée en fines couches régulières.

Les portraits de momies du Fayoum du ROM ont été peints selon la technique de l’encaustique qui consiste à ajouter des pigments à de la cire d’abeille et de la résine. Le mélange était chauffé et appliqué rapidement, avant de refroidir, à la surface d’un panneau de bois à l’aide d’un pinceau et d’outils, laissant une surface distinctive et richement texturée.

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