Un métacommentaire est le terme utilisé pour décrire un récit qui dirige l’attention du lecteur sur le but et le positionnement du texte. Selon Graf et Birkenstein (2010), la fonction d’un métacommentaire s’apparente à celle d’un chœur grec – il se place d’un côté de l’action et explique ce qui se passe au public afin qu’il ne perde pas le fil de ce qu’il a fait et de ce vers quoi il se dirige.
L’introduction d’un chapitre ou d’un article de revue nécessite souvent un métacommentaire étendu. Le métacommentaire permet à l’auteur de dire au lecteur ce qu’il fait, pourquoi et comment. Il positionne le travail dans le domaine scientifique, mais aussi souvent dans les domaines plus larges de la politique et de la pratique. Le rédacteur utilise le métacommentaire pour délimiter soigneusement ce qu’il va faire et ce qu’il ne fera pas, définir les termes clés et indiquer ainsi très clairement la contribution qu’il entend apporter.
Il est utile de lire les introductions simplement pour leurs métacommentaires, pour voir la façon dont le langage fonctionne et pour voir les mouvements qui sont faits. Voici un exemple tiré d’un recueil édité que j’ai lu récemment. Il s’agit de l’introduction d’un chapitre intitulé » Explorer l’utilisation des sites de réseaux sociaux sur le lieu de travail » (Watson-Manheim, 2011)
J’ai mis en gras les sections les plus importantes du métacommentaire.
L’intérêt pour l’utilisation des médias sociaux dans les organisations est considérable aujourd’hui. Dans ce chapitre, j’explore le potentiel d’utilisation des sites de réseaux sociaux (SNN) pour effectuer des activités de travail organisationnel. Je me concentre sur l’utilisation des SNN sur le lieu de travail pour la communication et la collaboration entre les employés (de la même organisation ou d’organisations différentes), qui est orientée vers la gamme d’activités de l’entreprise soutenant la production et la distribution de produits et de services. En d’autres termes, ce chapitre n’est pas axé sur les interactions avec les clients principalement orientées vers la commercialisation des produits et des services, ou la gestion de la marque de l’entreprise.
La question que j’explore est de savoir quelle valeur un nouvel ensemble d’outils de médias de communication peut apporter à une organisation où les employés ont déjà une pléthore de médias à choisir pour effectuer des activités professionnelles, et dans quelles conditions il est probable que ces outils seront adoptés. Je discute en particulier de l’utilisation des SNN pour réaliser des activités de travail collaboratif. Les utilisateurs disposent d’une grande variété de RRS qui ont connu des degrés de succès divers (Boyd et Ellison, 2008). Cependant, je ne me concentre pas sur un site particulier, par exemple LinkedIn ou MySpace, mais sur des applications logicielles qui permettent des fonctionnalités similaires. Dans ce chapitre, je base ma discussion sur les SNNs sur la définition générale proposée par boyd et Ellison (2008) :
services basés sur le Web qui permettent aux individus de (1) construire un public ou un semi-public au sein de systèmes délimités, (2) d’articuler une liste d’autres utilisateurs avec lesquels ils partagent une connexion, et (3) de voir et de parcourir leur liste de connexions et celles faites par d’autres au sein du système…. ( P 121)
En accord avec Grudin (2006), je soutiens qu’un avantage significatif des médias sociaux dans les organisations sera probablement pour la gestion des connaissances…
L’introduction explore ensuite ce dernier point, en utilisant des littératures.
Je veux maintenant reprendre cette introduction, phrase par phrase, en fournissant une explication de ce que l’auteur fait réellement dans le métacommentaire.
(1)L’utilisation des médias sociaux dans les organisations suscite aujourd’hui un intérêt considérable. Cette phrase d’ouverture situe l’ouvrage dans un vaste domaine de préoccupation, à la fois savant et pratique. Compte tenu de la nature du livre dans lequel le chapitre est apparu, il n’était pas nécessaire de développer ce point, comme il pourrait l’être dans d’autres contextes.
(2)Dans ce chapitre, j’explore le potentiel d’utilisation des sites de réseaux sociaux (SNN) pour effectuer des activités de travail organisationnel. C’est l’objectif général du document.
(3)Je me concentre sur l’utilisation des SNN sur le lieu de travail pour la communication et la collaboration entre les employés (soit dans la même organisation, soit dans des organisations différentes), ce qui est orienté vers la gamme d’activités de l’entreprise soutenant la production et la distribution de produits et de services. Ici, l’auteur délimite l’aspect du sujet plus large qui l’intéresse.
(4)En d’autres termes, ce chapitre ne se concentre pas sur les interactions avec les clients principalement orientées vers le marketing des produits et des services, ou la gestion de la marque de l’entreprise. Maintenant, elle clarifie encore plus ce qu’elle ne va pas faire, juste au cas où des lecteurs pensaient qu’ils pourraient voir cela.
(5)La question que j’explore est de savoir quelle valeur un nouvel ensemble d’outils de médias de communication peut apporter à une organisation où les employés ont déjà une pléthore de médias à choisir pour effectuer des activités professionnelles, et dans quelles conditions il est probable que ces outils seront adoptés. Une autre précision est donnée pour ce qui sera traité.Ces diverses précisions dessinent une frontière autour de ce qui sera et ne sera pas couvert.
(6)J’aborde notamment l’utilisation des SNN pour réaliser des activités de travail collaboratif. L’auteur se rapproche de plus en plus de l’objectif très particulier de l’article.
(7)Il existe une grande variété de SNNs disponibles pour les utilisateurs qui ont eu des degrés variables de succès (boyd et Ellison, 2008). Mais là encore, c’est encore trop ouvert à la méprise d’un lecteur – il doit s’arrêter et clarifier ce qu’il veut faire, donc encore une fois l’auteur dit ce qu’il ne va pas faire… Cependant je ne me concentre pas sur un site particulier, par exemple LinkedIn ou MySpace, mais dans des applications logicielles qui permettent des fonctionnalités similaires.
(8)Dans ce chapitre, je base ma discussion des SNN sur la définition générale proposée par boyd et Ellison (2008) : des services basés sur le web qui permettent aux individus de (1) construire un public ou un semi-public au sein de systèmes délimités, (2) d’articuler une liste d’autres utilisateurs avec lesquels ils partagent une connexion, et (3) de voir et de parcourir leur liste de connexions et celles faites par d’autres au sein du système… ( P 121) L’auteur offre maintenant une définition de ce sur quoi elle va se concentrer, tout en ancrant son approche dans la littérature.
(9)En accord avec Grudin (2006), je soutiens qu’un avantage significatif des médias sociaux dans les organisations sera probablement pour la gestion des connaissances… Elle conclut le métacommentaire en indiquant ce que l’article montrera, et que cela est en accord avec d’autres travaux dans le domaine.
C’est donc un métacommentaire. C’est un ensemble de manœuvres très prudentes qui empêchent le lecteur d’avoir de fausses attentes, de sauter aux mauvaises conclusions et/ou de critiquer l’auteur parce qu’il n’a pas fait quelque chose qu’il n’avait pas l’intention de faire. C’est une sorte d’orientation du lecteur sur la piste que vous avez empruntée.