Administration du Directoire
Les finances de l’État étaient en plein désarroi. Le gouvernement ne pouvait couvrir ses dépenses que par le pillage et le tribut des pays étrangers. Le Directoire était continuellement en guerre contre des coalitions étrangères, qui comprenaient à différents moments la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Prusse, le Royaume de Naples, la Russie et l’Empire ottoman. Il annexa la Belgique et la rive gauche du Rhin, tandis que Napoléon Bonaparte conquit une grande partie de l’Italie. Le Directoire établit six républiques sœurs éphémères sur le modèle de la France en Italie, en Suisse et aux Pays-Bas. Les villes et les États conquis sont tenus d’envoyer à la France d’énormes sommes d’argent ainsi que des trésors artistiques, qui sont utilisés pour remplir le nouveau musée du Louvre à Paris. Une armée dirigée par Bonaparte conquiert l’Égypte et marche jusqu’à Saint-Jean-d’Acre en Syrie. Le Directoire vainc une résurgence de la guerre de Vendée, la guerre civile menée par les royalistes en Vendée, mais échoue dans son entreprise de soutien à la rébellion irlandaise de 1798 et de création d’une République irlandaise. Les guerres épuisent le budget de l’État, mais en cas de paix, les armées rentrent au pays et les administrateurs doivent faire face à l’exaspération de la base qui a perdu son gagne-pain et à l’ambition des généraux qui peuvent à tout moment les balayer.
Le Directoire dénonce les exécutions arbitraires du règne de la Terreur, mais se livre aussi à des répressions illégales à grande échelle, voire à des massacres de civils (Guerre de Vendée). L’économie défaillante et le coût élevé des denrées alimentaires touchent particulièrement les pauvres. Bien qu’attaché au républicanisme, le Directoire se méfie de la démocratie existante, bien que limitée. Lorsque les élections de 1798 et 1799 sont remportées par l’opposition, il utilise l’armée pour emprisonner et exiler les chefs de l’opposition et fermer les journaux d’opposition. Il dépend aussi de plus en plus de l’armée pour les affaires étrangères et intérieures, y compris les finances. Barras et Rewbell étaient notoirement corrompus et faisaient écran à la corruption chez les autres. Le patronage des directeurs était mal accordé et la mauvaise administration générale a augmenté leur impopularité.
Discorde publique
Avec l’établissement du Directoire, les observateurs contemporains auraient pu supposer que la Révolution était terminée. Les citoyens de la nation fatiguée par la guerre voulaient la stabilité, la paix et la fin des conditions qui frisaient parfois le chaos. Ceux de droite, qui souhaitaient restaurer la monarchie en mettant Louis XVIII sur le trône, et ceux de gauche, qui auraient renouvelé le règne de la Terreur, ont tenté de renverser le Directoire, mais sans succès. Les atrocités précédentes avaient rendu impossible la confiance ou la bonne volonté entre les parties.
Le nouveau régime rencontra l’opposition des Jacobins à gauche et des Royalistes (secrètement subventionnés par le gouvernement britannique) à droite. L’armée réprime les émeutes et les activités contre-révolutionnaires, mais la rébellion et en particulier Napoléon acquièrent un pouvoir massif. Lors des élections de 1797 pour un tiers des sièges, les royalistes remportent la grande majorité et sont sur le point de prendre le contrôle du Directoire lors des élections suivantes. Le Directoire réagit en purgeant tous les vainqueurs par le coup d’État du 18 Fructidor, en bannissant 57 dirigeants à une mort certaine en Guyane et en fermant 42 journaux. Par la même occasion, il refuse les élections démocratiques et maintient ses anciens dirigeants au pouvoir.
Envoyé par Napoléon depuis l’Italie, Pierre Augereau et ses troupes prennent d’assaut les Tuileries et capturent les généraux Charles Pichegru et Willot. Coup d’État du 18 Fructidor, an V (4 septembre 1797). Gravure de Berthault, d’après un dessin de Girardet.
Le 4 septembre 1797, l’armée étant en place, le coup d’État du 18 Fructidor an V est déclenché. Les soldats du général Augereau arrêtent Pichegru, Barthélemy, et les principaux députés royalistes des Conseils. Le lendemain, le Directoire annule les élections d’environ deux cents députés dans 53 départements. 65 députés sont déportés en Guyane, 42 journaux royalistes sont fermés, 65 journalistes et rédacteurs sont déportés.
Le 9 novembre 1799 (18 Brumaire de l’an VIII) Napoléon Bonaparte réalise le Coup du 18 Brumaire, qui installe le Consulat. Cela conduit effectivement à la dictature de Bonaparte et en 1804 à sa proclamation comme empereur. Cela a mis fin à la phase spécifiquement républicaine de la Révolution française.
Les historiens ont évalué le Directoire comme un gouvernement d’intérêt personnel plutôt que de vertu qui a perdu toute prétention à l’idéalisme. Il n’a jamais eu une base solide de soutien populaire. Lorsque des élections ont eu lieu, la plupart de ses candidats ont été battus. Ses réalisations sont mineures et son approche reflète un nouveau tournant vers la dictature et l’échec de la démocratie libérale. La violence, les formes arbitraires et douteuses de justice et la répression brutale sont des méthodes couramment employées par le Directoire.