Hypophora

Définition de l’hypophora

L’hypophora est une figure de style dans laquelle un auteur soulève une question, puis fournit immédiatement une réponse à cette question. Communément, une question est posée dans le premier paragraphe, puis le paragraphe est utilisé pour répondre à la question. On parle également d' »antipophora » ou d' »anthypophora ». À première vue, les exemples d’hypophores peuvent sembler similaires aux exemples de questions rhétoriques, mais il y a une légère différence comme expliqué ci-dessous.

Différence entre l’hypophore et la question rhétorique

La différence fondamentale entre l’hypophore et la question rhétorique est que, dans une question rhétorique, la réponse n’est pas fournie par l’auteur, car elle ne nécessite pas de réponse. Par exemple : « … car si nous perdons la capacité de percevoir nos fautes, à quoi bon continuer à vivre ? ». (Marcus Aurelius). En revanche, dans l’hypophore, l’auteur pose d’abord une question, puis répond immédiatement à cette question ; comme dans cet exemple :

« Que devraient faire les jeunes de leur vie aujourd’hui ? Beaucoup de choses, évidemment. Mais la chose la plus audacieuse est de créer des communautés stables dans lesquelles la terrible maladie de la solitude peut être guérie. »

(Les Rameaux : un collage autobiographique, de Kurt Vonnegut)

Exemples d’hypophore dans la littérature

Exemple n°1 : Un souvenir de Noël (de Truman Capote)

« Trente et un gâteaux, humectés de whisky, se prélassent sur les rebords de fenêtres et les étagères.
Pour qui sont-ils ?
Des amis. Pas nécessairement des amis voisins : en effet, la plus grande part est destinée à des personnes que nous avons rencontrées peut-être une fois, peut-être pas du tout. Des gens qui ont frappé notre imagination. Comme le président Roosevelt. »

Dans cet exemple, le locuteur pose une question au début, puis y répond au cours du passage. La question est indiquée en gras, c’est-à-dire « Pour qui sont-ils ? ». L’auteur veut accentuer l’effet des sujets importants en posant une question.

Exemple n°2 : Henderson le roi de la pluie (par Saul Bellow)

« Qu’est-ce qui m’a poussé à faire ce voyage en Afrique ? Il n’y a pas d’explication rapide. Les choses sont devenues de pire en pire et assez vite, elles étaient trop compliquées. »

Dans ce passage, l’écrivain pose la question et explique immédiatement. Cela crée un effet rhétorique, qui réside dans le fait de fournir la réponse que les lecteurs pourraient s’attendre à recevoir d’un écrivain.

Exemple n°3 : La Cerisaie (d’Anton Tchekov)

TROFIMOV:
« Qui sait ? Et qu’est-ce que ça veut dire, vous allez mourir ? Peut-être qu’un homme a cent sens, et quand il meurt, seuls les cinq que nous connaissons sont détruits et les quatre-vingt-quinze autres restent en vie… »

LUBOV:
« Tu veux des géants, hein ? … Ils ne sont bons que dans les histoires, et même là, ils font peur… »

TROFIMOV:
« N’est-ce pas la même chose que le domaine soit vendu aujourd’hui ou non ? Il y a longtemps que tout est en place ; il n’y a pas de retour en arrière, le chemin est passé. Soyez tranquille, ma chère… »

Il y a trois exemples d’hypophores dans cet extrait, indiqués en gras. Au départ, les personnages posent des questions, puis des réponses afin d’attirer l’attention des lecteurs.

Exemple n°4 : En attendant Godot (de Samuel Beckett)

ESTRAGON:
(geste vers l’univers). « Celui-ci vous suffit ? (Silence.) Ce n’est pas gentil de votre part, Didi. A qui vais-je raconter mes cauchemars intimes si je ne peux pas te les raconter… »

ESTRAGON:
« Ce serait dommage, vraiment dommage. (Pause.) Ne serait-ce pas, Didi, vraiment trop mauvais ? (Pause.) Quand tu penses à la beauté du chemin. (Pause.) Et la bonté des voyageurs. (N’est-ce pas, Didi ? »

L’attente de Godot est remplie de ce procédé rhétorique. Comme ici, Estragon pose des questions et fournit ensuite des explications pour répondre à ses propres questions. Les questions créent de la curiosité, et apportent également un nouveau sujet de discussion.

Fonction de l’hypophore

Le but majeur de l’utilisation de l’hypophore est de créer de la curiosité chez les lecteurs, tandis qu’un silence bien placé produit un effet renforcé, et crée de l’intérêt. Il permet de capter l’attention de l’auditoire. Cependant, l’hypophore peut également être utilisée pour introduire de nouvelles discussions ou des sujets importants sur lesquels les lecteurs n’ont peut-être pas d’informations. Elle peut également être utilisée comme un dispositif directionnel pour changer de sujet. Elle peut soulever les types de questions que les lecteurs ont déjà en tête et auxquelles ils aimeraient obtenir des réponses. En outre, elle est fréquemment utilisée dans les discours politiques ainsi que dans les œuvres littéraires.

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