Dans les cercles psychanalytiquesEdit
Les théories de Freud concernant le développement psychosexuel, et en particulier le stade phallique, ont été remises en cause très tôt par d’autres psychanalystes, tels que Karen Horney, Otto Fenichel et Ernest Jones, bien que Freud n’ait pas accepté leur vision de l’envie du pénis comme une réaction féminine secondaire, plutôt que primaire. Des psychologues ultérieurs, tels qu’Erik Erikson et Jean Piaget, ont remis en cause le modèle freudien du développement psychologique de l’enfant dans son ensemble.
Jacques Lacan, cependant, a repris et développé la théorie de Freud sur l’importance de ce qu’il appelait « pénisneid dans l’inconscient des femmes » en termes linguistiques, voyant ce qu’il appelait le phallus comme le signifiant privilégié de la subordination de l’humanité au langage : « le phallus (en vertu duquel l’inconscient est langage) ». Il a ainsi ouvert un nouveau champ de débat autour du phallogocentrisme – certaines figures comme Juliet Mitchell approuvant une vision de l’envie du pénis qui « utilise, non pas l’homme, mais le phallus auquel l’homme doit prétendre, comme terme clé », d’autres la répudiant fermement.
Ernest Jones a tenté de remédier à la théorie initiale de Freud l’envie du pénis en donnant trois significations alternatives :
- Le souhait d’acquérir un pénis, généralement en l’avalant et en le conservant dans le corps, souvent en le transformant là en bébé
- Le souhait de posséder un pénis dans la région clitoridienne
- Le souhait adulte de jouir d’un pénis dans les rapports sexuels
Critiques féministes et sociologiquesRévision
Dans la théorie de Freud, le centre sexuel féminin se déplace du clitoris vers le vagin au cours d’un événement de la vie hétérosexuelle. Freud croyait en une dualité entre la façon dont les sexes construisent la sexualité mature en fonction du sexe opposé, alors que les féministes rejettent l’idée que la sexualité féminine ne peut être définie que par rapport à l’homme. Les théoriciens du développement féministe croient plutôt que le clitoris, et non le vagin, est le centre mature de la sexualité féminine parce qu’il permet une construction de la sexualité féminine mature indépendante du pénis.
Un nombre important de féministes ont été très critiques de la théorie de l’envie du pénis en tant que concept et de la psychanalyse en tant que discipline, arguant que les hypothèses et les approches du projet psychanalytique sont profondément patriarcales, antiféministes et misogynes et représentent les femmes comme des hommes brisés ou déficients. Karen Horney – une psychanalyste allemande qui accordait également une grande importance aux expériences de l’enfance dans le développement psychologique – était un défenseur particulier de ce point de vue. Elle a affirmé le concept de « l’envie de l’utérus », et a vu le « narcissisme masculin » comme étant sous-jacent à la vision freudienne dominante.
Certaines féministes soutiennent que la théorie du développement de Freud est hétéronormative et refuse aux femmes une sexualité mature indépendante des hommes ; elles lui reprochent également de privilégier le vagin sur le clitoris comme centre de la sexualité des femmes. Ils reprochent à la théorie sociosexuelle de privilégier l’activité sexuelle hétérosexuelle et la pénétration du pénis pour définir « l’état de maturité de la sexualité » des femmes. D’autres prétendent que le concept explique comment, dans une société patriarcale, les femmes pourraient envier le pouvoir accordé à ceux qui ont un phallus.
Dans son article influent « Women and Penis Envy » (1943), Clara Thompson a reformulé ce dernier comme une envie sociale pour les attributs du sexe dominant, une réponse sociologique à la subordination féminine sous le patriarcat.
Betty Friedan a évoqué l’envie du pénis comme un préjugé social purement parasitaire typique du victorianisme et surtout de la biographie de Freud lui-même, et a montré comment ce concept a joué un rôle clé dans le discrédit des notions alternatives de la féminité au début et au milieu du XXe siècle : « Parce que les adeptes de Freud ne pouvaient voir la femme que dans l’image définie par Freud – inférieure, enfantine, impuissante, sans possibilité de bonheur à moins qu’elle ne s’adapte à être l’objet passif de l’homme – ils voulaient aider les femmes à se débarrasser de leur envie refoulée, de leur désir névrotique d’être égales. Ils voulaient aider les femmes à trouver l’épanouissement sexuel en tant que femmes, en affirmant leur infériorité naturelle ».
Un nombre restreint mais influent de philosophes féministes, travaillant dans le cadre du féminisme psychanalytique, et comprenant Luce Irigaray, Julia Kristeva, et Hélène Cixous, ont adopté des points de vue post-structuralistes variables sur la question, inspirés ou du moins remis en question par des figures telles que Jacques Lacan et Jacques Derrida.